Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


60.

Venise, 22 Février 59.[1]

Conformément à la loi de Bouddha, la Suprême-Perfection, celui qui est chargé de fautes doit faire sa confession à haute voix devant toute la communauté, et par cela seul il est libéré. Vous savez de quelle façon je suis devenu involontairement bouddhiste. Aussi j’ai toujours, sans m’en rendre compte, des affinités avec la maxime bouddhiste de la mendicité. Et c’est une maxime très fière. Le religieux s’en va par les villes et les rues des hommes, se montre nu et ne possédant rien, et procure ainsi, par son apparition, aux croyants l’occasion précieuse d’accomplir la plus noble, la plus méritoire des œuvres, en lui donnant, en lui faisant l’aumône : son acceptation constitue la grâce la plus visible qu’il nous montre, oui, dans cette grâce se trouve la bénédiction, l’élévation, qu’il procure à ceux qui ont fait l’aumône. Il n’avait nul besoin des dons, car de son propre vouloir il a renoncé à tout, rien que pour restaurer les âmes en acceptant des aumônes.

Je veux devenir le co-initié de ma destinée jusque dans le moindre détail ; non point pour la conduire contre le courant du monde, mais pour me mettre face à face avec lui, sans illusion. Pour mon avenir je n’ai pas de besoins :

  1. L’original manque.
— 146 —