Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/216

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ne m’efforce à rien et notamment pas au travail. Je regarde comment, chaque jour, il menace de pleuvoir, ne réponds pas aux Härtel qui me demandent mon « manuscrit » (!), me fais envoyer des coussins pour enfants et des « zwieback » pour grandes personnes et pense « Qui ne se fie qu’en Dieu ! »[1] De la sorte cela finit par aller tout à fait passablement et je mets tout simplement ma confiance dans un miracle. Qui sait ? Il s’en produira un peut-être ? Réellement, cela ne vaut pas la peine de se casser la tête : la bonne fortune arrive le plus souvent « sans qu’on l’en prie, sans qu’on l’invoque avec des larmes, quand il lui plaît » de même que le sommeil à Egmont.[2]

Voyez-vous, je pourrais encore bavarder ainsi durant des heures entières avec vous, si Wesendonk n’entamait pas une discussion sur l’un ou l’autre sujet, ce qui préciserait un peu le bavardage. — Il fait chaud, ces jours-ci, en ce bas monde : Dieu, comme c’est beau ! Il y a donc toujours ceci : c’est que l’on peut s’habiller à la légère ; ce qui, après tout, ne devrait pas être, car mieux vaut qu’il fasse froid, puisqu’alors on pourrait se vêtir de façon à avoir chaud. On pourrait discuter un peu là-dessus tout de suite ?

Pas de nouvelles encore de ma caisse de

  1. Paroles d’un cantique protestant.
  2. Egmont : Acte V, scène dernière.
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