Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/228

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reste ! Il n’y a que quelques descriptions qui soient belles, genre dans lequel excellaient les poètes du Moyen-Âge : là il règne une atmosphère de contemplation bien sentie ! Mais l’ensemble reste toujours confus et stupide. Que faire maintenant avec Parzival ? Car Wolfram non plus n’en sait que faire : son désespoir en Dieu est sot et pas motivé ; sa conversion satisfait encore moins. Le motif de l’« interrogation » est présenté avec tellement peu de goût et sans signification. Ici donc je devrais tout inventer. Et puis il y a encore une difficulté pour Parzival. Il est indispensable, comme sauveur désiré d’Amfortas : si Amfortas, maintenant, est exposé sous son véritable jour, il acquiert un intérêt tragique à ce point démesuré qu’il devient presque impossible de placer à côté de lui une deuxième figure d’intérêt principal, et cependant celui-ci doit être représenté aussi par Parzival, si l’on ne veut être obligé de le faire apparaître exclusivement sur la scène comme une espèce de deus ex machina très indifférent. Donc il faut mettre à l’avant-plan le développement de Parzival, sa suprême purification, quoique prédestinée par sa nature contemplative et profondément compatissante. Et pour cela je ne dispose pas d’un plan aussi large que Wolfram ; je dois tout concentrer en trois situations principales, d’un contenu très dense, de telle sorte que le profond et multiple

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