Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/31

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crains, devenir une grotesque chimère, par suite de cet éternel et insultant contact avec l’insuffisant et l’incomplet.

— Pour vous égayer, réfléchissez un peu sur la question de savoir combien de fugues devront intervenir dans mon oratorio londonien, si lord Jésus portera des gants glacés noirs ou blancs, ou si Madeleine tiendra à la main un bouquet ou un éventail ? Si vous êtes d’accord avec vous-même sur cela, nous y songerons encore.

Aujourd’hui j’ai le 4e concert :[1] la symphonie en La majeur (laquelle, en tout cas, ne marchera pas aussi bien qu’à Zurich) et puis encore beaucoup de belles choses que je croyais ne plus jamais devoir donner de ma vie. Mais ce qui me rend courageux c’est la certitude que ce sera pour la dernière fois !

Mes compliments à Otto, que je remercie cordialement pour sa dernière bonne lettre. Si cela peut bien lui faire plaisir, je lui écrirai encore. Est-ce que Marie[2] ne vient pas bientôt chez vous ?

Demain, après le concert, j’écrirai à ma femme : elle n’aura rien de nouveau à vous dire.


  1. Voir Biographie de Richard Wagner par Glasenapp, II, 2, 85. Le concert eut lieu le 2 Mai.
  2. Sœur de Mad. Wesendonk, à laquelle est dédiée la Valse intitulée « Züricher Vielliebchenwalzer » (voir Glasenapp, II, 2, 51 et 468).
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