Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/112

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que mènent le vouloir et l’illusion du monde. Nous y sommes pour peu de chose, sinon pour souffrir !…

De Parzival, cependant, aujourd’hui encore, je ne puis vous parler davantage : tout cela est encore très embryonnaire, inexprimable. En revanche, je veux vous conter une vieille histoire qui, il y a quelque temps, me fit grande impression par son originalité, par son profond caractère. Dans un volume du comte de la Villemarqué, les Contes des anciens Bretons, où je trouvai, après les Mabinogion, les versions les plus vieilles des légendes traitées ensuite par des poètes français, comme, par exemple, celles d’Artus, de Parzival, de Tristan, etc, je rencontrai aussi le poëme d’Erec et Enide, que je « possède » encore, d’après une adaptation allemande du Moyen âge,[1] dans ma ci-devant bibliothèque de Dresde, — sans l’avoir lu jamais. L’histoire est à peu près la suivante :

Après de longues luttes, Erec a ramené Enide comme épouse ; son pays, attaqué par l’ennemi de toutes parts, a recouvré grâce à lui toute sûreté ; il a fait de tels prodiges de bravoure que, nécessairement, il se considère lui-même, et tous avec lui, comme le héros invincible par excellence ; n’ayant plus aucune raison de com-

  1. Le poëme de Hartmann von Aue, d’après Chrestien de Troyes.