Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/124

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« Pars, homme aveugle, cherche ton salut,
Cherche-le sans le trouver jamais ! » —

Après quoi viendra : —

« Celle que tu as combattue, que tu as vaincue,
Qui a subi les éclats outrageants de ton orgueil,
Va la supplier, elle, l’objet de ta dérision ;
Dans ces lieux, témoins de tes mépris, va implorer sa faveur !
Ta misère et ton opprobre fleuriront alors :
Exilé, maudit, tu traîneras après toi les dédains ;
Je te vois approcher, brisé, foulé aux pieds.
Couvert de poussière, le front humilié :
« Oh ! si tu la retrouvais.
Celle qui te riait naguère !
Oh ! si elles se rouvraient devant toi
Les portes de ses splendeurs ! » —
Le voici, gisant devant le seuil.
Où jadis coulaient pour lui les flots de la joie ;
Il supplie, le compagnon d’autrefois.
Il mendie, non l’amour mais la pitié.
Arrière, le mendiant ! à jamais fermé aux esclaves.
Ce n’est qu’aux héros que s’ouvre mon empire ! »


Tannhäuser.

« Je t’épargnerai assurément la douleur
De me voir approcher déshonoré ;
Je pars pour jamais, adieu !
La déesse jamais ne me verra revenir. »