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109.

Paris, 13 Nov. 60.

Chère et fidèle enfant ! Belle et douce âme ! Merci pour vos amitiés !

Aussi souvent que possible vous recevrez un court bulletin de moi.

Cela va — très lentement — mais cela va de nouveau. De la première semaine de ma maladie[1] je n’ai presque pas souvenir. Maintenant, peu à peu, cela s’éclaircit. Pendant plusieurs jours je fus presque aveugle. À présent, je suis extraordinairement faible : étonnamment amaigri, avec des yeux rentrés dans la tête. Que j’éprouve toujours au fond une sensation de douleur, vous le savez : seule, toujours, l’excitation nerveuse a pu m’étourdir ; à présent que je dois éviter toute excitation, vous pouvez vous imaginer ce qui me reste ! —

Cependant j’ai encore trop de choses devant moi, et bientôt la vie va de nouveau s’emparer de mon être tout entier !

Hier, on m’a conduit en voiture aux Champs-Élysées et l’on m’a fait faire une petite promenade au soleil. Cela m’a réussi. Je vais reprendre ! Aussi ai-je retrouvé la patience….

Dans mon nouvel et modeste appartement, les trois gravures de Rome pendent encadrées au-dessus et auprès de mon divan !

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 282.