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trouvés en allant me coucher et que, en soigneux égoïste, j’ai tout de suite accaparés. Je vous ai laissé la couronne ; je sais que vous l’emploierez bien !

Mes cordiales amitiés à Otto et aux enfants !

Remerciements et affection pour vous !

Votre
R. W.



118.

Paris, 15 Juin 61.

Voilà longtemps que je n’ai plus écrit à l’exquise enfant, — et cependant mon devoir était de lui adresser encore beaucoup de remerciements pour sa dernière et charmante lettre !…

Je traîne des journées pâles, sans âme ; je n’ai envie de rien au monde, ni d’aucun travail, ni d’autre chose : à peine puis-je me décider à écrire les lettres les plus indispensables ! Peut-être faut-il appeler ma situation une épreuve de patience ! La plus complète incertitude, — c’est la meilleure expression pour vous en donner une idée !

Je sors peu encore : mon dégoût de tout est grand. Je cherche uniquement à tuer le temps et lis Gœthe, au hasard : en dernier lieu, la campagne de 1792. C’est la léthargie absolue : le poisson sur le sable de la rive est la parfaite image de ce que je suis.

Liszt et Tausig sont partis depuis huit jours. Je les ai laissés volontiers s’en aller : — voilà où j’en suis ! Rien ne va comme cela devrait