Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/165

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vouer, de plus en plus, combien il est peu fait pour la politique. La journée fut consacrée, de façon agréable et doucement fatigante, à des promenades en voiture et à pied. Le lendemain, je devais me lever de très bonne heure, car j’avais rendez-vous avec mon ténor Ander à Môdling, sur la route de Schwarzau à Vienne. Tout le monde se trouva réuni encore une fois, dans la fraîcheur du petit matin, pour le premier déjeuner, sur la terrasse ; puis, en compagnie de deux autres magnats hongrois, Zichy et Almazy, qui parlaient continuellement de leur élevage de chevaux, je suivis le chemin du retour jusqu’à Mödling, où j’arrivai à huit heures, par un temps magnifique. Il était encore trop tôt pour aller voir Ander ; j’étais fatigué d’avoir beaucoup parlé et, finalement, entendu parler beaucoup : je décidai de m’appartenir un peu, avant tout, à moi seul. Je pris une voiture et descendis la ravissante vallée de la Brûhl. Il y a là un lieu de plaisance, qui était tout solitaire à cette heure du jour. Derrière la maison, dans le jardin, les yeux sur les magnifiques prairies et les forêts des montagnes, splendidement éclairées par le soleil du matin, — je m’assis et vécus — paisible et solitaire — la première des belles heures que je voulais vous conter. Je partis de là profondément apaisé, réconcilié, heureux ! La seconde de mes belles heures fut celle