Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/167

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voqué, il était bien possible que ces innovations fussent cause de troubles singuliers. Ma joie, à la représentation, fut d’autant plus vive. Un nouvel esprit s’était emparé de tout le monde. Le chef d’orchestre lui-même était stupéfait de la précision avec laquelle les innovations étaient exécutées. Mes deux chanteurs, juste à cet endroit, furent vraiment sublimes. Mais, depuis le commencement jusqu’à la fin, je fus saisi, transporté ! Je ne puis dire autrement : j’éprouvai là de profondes impressions, et il me faut appeler cette soirée la troisième de mes belles heures !…

Que cela suffise pour aujourd’hui ! Que le souvenir heureux de ces trois heures ne soit point troublé : donc… aujourd’hui plus rien de moi ! De mes brumes et de mes horreurs, je vous tends la main et vous crie : « Voilà ce qui fut possible !… Donc, courage, courage ! La plus belle heure n’a pas encore sonné !… »

R. W.



123.

Vienne, 28 Septembre 1861.
Hôtel de l’Impératrice Élisabeth.
Weihburg Gasse.
Ô noble, ô superbe enfant !…

Je devrais presque ne pas écrire autre chose aujourd’hui que cette exclamation. Tout ce que je peux y ajouter est si nul ! La musique, en somme, fait de moi un homme purement exclamatif ; le point d’exclamation est au fond