Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/171

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Bonheur et prospérité, de tout mon cœur !

Je me suis jeté de nouveau dans les bras de mon ancienne maîtresse : la besogne m’a repris, et je lui crie maintenant : « Donne-moi l’oubli, afin que je vive ! »

Il y a trois semaines, je quittai Vienne pour regagner directement Paris. Personne ne voulait de moi. Avant une année, impossible de représenter Tristan. Comment, où la passer, cette année ? Point de beaux jours devant moi. L’hospitalité de Metternich me restait seule fidèle. Mais, par suite de la mort subite de la belle-mère, un parent était inopinément arrivé à Paris et occupait l’appartement que l’on m’avait destiné. Je ne peux y entrer que dans les premiers jours de Janvier. Il m’était impossible de rester à Vienne. Nulle part ailleurs je n’étais le bienvenu. C’est pourquoi je partis dès le commencement de Décembre pour Paris et me contente jusqu’en Janvier d’une petite chambre, au quai Voltaire. D’être accueilli dans une maison bien tenue, où l’on est bien servi, où je n’aurai pas de frais à faire pour subsister convenablement, j’en suis arrivé à regarder cela comme un bonheur divin qui me serait promis. Oui, oui, souhaitez-le-moi !…

Ici je me donne la plus grande peine pour passer inaperçu. Si cela ne réussit pas complètement, du moins je me figure que personne