Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/219

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Lucerne : elle ne pouvait pas venir. Dernièrement, s’est présentée la sœur aînée de la jeune fille congédiée : elle a plus d’expérience que celle-ci ; elle est plus « posée », a l’air doux et n’est point désagréable. Je me propose d’en faire l’essai.

Voyez-vous ! Il faut que je me procure tout à coups d’argent, sans doute parce que j’en possède tellement ! Je vous ferai part du résultat.

Mais je vois qu’il est nécessaire de mettre un frein à ma correspondance : votre mari m’accuserait à bon droit de vous inquiéter ! Réellement, chère amie, il m’est difficile de vous écrire. Toute la douceur, qui me ranime encore parfois, c’est le souvenir, et il appartient au passé : mais je ne puis et n’ose point le faire figurer dans mes lettres ! Que me reste-t-il ? Une joie vraiement pure, une aventure plaisante du présent, je voudrais tant pouvoir vous en faire le récit, mais où les chercher et comment ne pas inventer ? Je vous ai déjà dit que je me suis presque noyé : voilà tout ! Est-ce que je vous écrirai comment j’ai été applaudi et fêté par le public, ici ou là ? Croyez-moi, cela me donne de la considération pour le public, et j’apprécie vraiment que, par ma musique, j’excite les gens à peu près au même enthousiasme, que les danseuses et les artistes de cet acabit. Cependant, Dieu me pardonne, je suis toujours content quand c’est