Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/240

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1.

Je vous ai plaint souvent par ces temps de chaleur, car je sais qu’il fait suffocant alors à Paris. Je crois bien volontiers que vous fuyiez vers le Bois de Boulogne, seulement on le paie toujours cher. Sur la « colline verte », il fait très beau maintenant, et les soirées de clair de lune sont incomparables. Depuis longtemps nous n’avons eu pareil été ; cela vous procure des sensations bizarres, et l’on craint d’aller se coucher, de peur que, le lendemain, le temps ne vienne à changer. La semaine dernière, nous avons fait une petite excursion avec les enfants à Baden-Weiler, le manoir patrimonial des princes de Zehringen. C’est à une heure de chemin de fer de Bâle : l’aspect de la contrée est déjà celui du petit pays badois un peu plus loin. De beaux noyers, des bois, des collines, des pâturages et, à l’arrière-plan le ruban d’argent du Rhin. Tels seront à peu près les traits de votre pays futur. Riant, silencieux et soli-