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vouées amitiés ! Je suis et reste, en toute fidélité,

votre
Mathilde Wesendonk.


[Schwalbach], 9 Août 1863.

Être heureux, souffrir ensemble, il nous reste donc beaucoup encore !

9.

23 Sept. 63.

Depuis trois semaines déjà, Otto souffre d’une fièvre rhumatismale et d’une inflammation des muscles. Je le soigne nuit et jour, sans arriver jusqu’ici à un résultat favorable. Sa maladie est douloureuse et susceptible de nombreuses alternatives d’amélioration et d’aggravation ; elle sera, je le crains, de longue durée. Demain Griesinger sera appelé en consultation ; j’espère dans sa science. Vous comprenez, mon ami, la raison de mon silence dans ces conditions. Votre désespérance[1] m’a vraiment glacé le cœur. Je sentais que je ne pouvais vous être d’aucun secours. Il fallait me dire que tous les dons de la nature, et les plus beaux, sont gaspillés en pure perte, si le vide succès extérieur ne vient pas les couronner ! À eux seuls ils ne sont rien, et quiconque en a l’avantage sur leî autres n’a que celui d’être plus misérable. Devoir songer à cela, à propos de vous, me

  1. Voir lettre 140.