Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/82

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couples… Des Sirènes se font entendre… Au loin, tumulte : les Faunes, voulant se venger, ont appelé les Bacchantes. Bruyante, la troupe sauvage s’approche, après que les Grâces se sont couchées de nouveau devant Vénus. Le jubilant cortège amène toute espèce d’animaux monstrueux ; on choisit un bélier noir, on examine soigneusement s’il ne porte pas de tache blanche et on le conduit, avec des cris de joie, près d’une cascade ; un prêtre l’abat et le sacrifie avec des gestes horribles.

Tout à coup s’élève hors de l’eau, parmi la joie turbulente de la foule, un personnage que vous connaissez bien, le Strömkarl[1] des légendes du Nord, avec son grand violon merveilleux. Il joue une danse, et vous pouvez penser ce qu’il me faut inventer pour donner à cette danse son juste caractère. Toute la gent mythologique, peu à peu, s’empresse, attirée par les sons du violon. Tous les animaux consacrés aux dieux. Enfin des Centaures, au milieu de la frénésie générale, se mettent à caracoler çà et là. Les Grâces intimidées ne savent comment mettre fin au délire. Elles s’élancent, avec des gestes de désespoir, parmi ces frénétiques : vainement ! Elles se retournent alors vers Vénus,

  1. Littéralement, « Charles des torrents ». Parmi les poèmes de M. Wesendonk se trouve aussi une ballade du Neck. Comparer encore R. Wagner, Ecrits 9, 120 et 10 319/20.