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ces nouveaux théâtres n’était qu’un simple compromis entre la cour et le public de la résidence : la cour fournissait l’apparence pompeuse et la fausse direction, le public avait à pourvoir aux besoins. Ainsi se forma le deuxième pouvoir, la Chambre des Communes qui vote les impôts, l’abonné de théâtre, un phénomène des plus curieux. La guerre souterraine pendant les sièges n’offre point de péripéties plus intéressantes que la lutte de l’abonné de théâtre pour miner l’intendant. Ils ne peuvent vivre côte à côte qu’à l’aide de concessions réciproques ; l’intendant est obligé de se régler sur l’abonné, surtout quand le monarque ne s’accommode pas de prodigalités pour les chanteurs, les danseurs et le reste ; il doit finalement recourir aux mêmes expédients que le directeur de théâtre communal qui a besoin de profits, et jouer, avec autant de mauvais que possible, quelque chose de bon par ci par là ; puis, comme l’abonné voyage à l’occasion, non pas, il est vrai, à Paris, mais pourtant quelque part en Allemagne, dans le voisinage plus ou moins éloigné ; comme il rapporte, des villes où quelque circonstance favorable permet de produire par exception, avec une timidité provinciale, quelque chose de réellement remarquable, la conviction que tout ce qui brille n’est pas or, il en résulte que la tendance à l’ignoble, la principale tendance représentée jusqu’ici, se trouve de temps en temps fourvoyée, ce qui conduit, non sans chagrin, à de nouvelles concessions, et en fin de compte à la confusion la plus complète. Survient-il, par hasard, qu’un ambassadeur étranger exprime le désir de goûter du drame romantique allemand dont on parle çà et là dans le monde, — à peu près comme l’empereur de Russie demanda au