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UN MUSICIEN ÉTRANGER À PARIS

et honnête esprit. Puisses-tu arriver un jour à te persuader qu’on ne doit ajouter foi qu’au tiers tout au plus de toutes ces réclames, et se bien garder encore d’y croire par trop pieusement. Nos directeurs de théâtres ont, par ma foi, bien autre chose à faire que d’écouter des romances, et à devenir fous d’enthousiasme ! (Le lecteur voudra bien ne pas oublier, etc.) Et puis, admettons que ce soit là un moyen excellent pour se créer une réputation, tes romances, par qui les feras-tu chanter ?

— Eh ! par qui, si ce n’est par ces célèbres virtuoses de l’un et de l’autre sexe qui se font si souvent un devoir de recommander au public, avec le plus aimable empressement et le talent le plus complaisant, les productions de talents inconnus ou opprimés ? Suis-je encore ici la dupe de quelque article de journal ?

— Ami, lui répondis-je, à Dieu ne plaise que je prétende nier la noblesse de cœur dont s’honorent à juste titre nos principaux chanteurs ou nos chanteuses. (Le lecteur voudra bien ne pas oublier, etc.) Mais, pour arriver à l’honneur d’une telle protection, n’y a-t-il pas encore bien des exigences à satisfaire ? Tu ne saurais imaginer quelle concurrence, ici encore, tu auras à redouter ; et tu te ferais difficilement une idée des nombreuses et influentes protections que tu devras te ménager auprès de ces cœurs si nobles, pour leur persuader que, réellement, tu possèdes