Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

don poétique. Presque au sortir de l’École polytechnique, la grande critique musicale l’attira en ce qu’il avait de plus généreux et de plus fier : le besoin et la faculté d’éclairer les au-delà des choses, de regarder en profondeur ce qu’il admirait, de s’abandonner à l’intelligence avec amour. Son premier livre fut consacré à Berlioz ; son second à Richard Wagner. Un troisième ouvrage, plus large et plus mûr, développa bientôt d’une merveilleuse vigueur l’esthétique wagnérienne à l’égard de la genèse et de l’exécution des poëmes. La suite de cet ouvrage où l’étonnante acuité des intuitions le disputait à la richesse du plus pur savoir, devait élucider pareillement les lois musicales du génie wagnérien. Hélas ! les papiers d’Ernst nous ont livré, après sa mort, des chapitres entiers de ce magnifique Essai, et des notes, des théories, des fragments préparés dont nous publierons, un jour, la majeure partie. Mais la mort brutale, sous la forme d’une rougeole contractée au chevet de ses trois enfants en voie de guérir, nous l’avait emporté, sur ces entrefaites, dans sa trente-neuvième année, avec toutes ses espérances, ses conceptions et ses projets !…

Heureusement, ses versions françaises équirythmiques des drames de Richard Wagner étaient achevées, hors celle de Tristan et Isolde, restée en son ensemble, à l’état d’ébauche. Parsifal, terminé et transcrit, put être immédiatement remis à l’éditeur. Siegfried et le Crépuscule des Dieux exigeaient un travail de transcription assez ardu, à cause des surcharges et des variantes multipliées tout le long d’une série d’exemplaires de la partition allemande. Seulement, nous avions de longue date, M. Paul Brück et moi, l’habitude des abréviations et des graphismes de notre ami, et nous avons été, du reste, fort aidés, en cours de labeur, par la communication de nombreux épisodes mis