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LOGE, montrant le Trésor.

La ruse et la force ont vaincu : voici de quoi délivrer Freya.

DONNER

Elle approche avec les Géants, la Bien-Aimée.

FROH

Elle approche : oh ! qu’elles sont exquises, les bouffées de brise, qu’elles parfument suavement les sens, les bouffées de brise qui la précédent ! Quelle vie pour nous, quelle affreuse vie s’il fallait la perdre à jamais, elle qui nous prodigue, l’insoucieuse, les bienfaits de l’éternelle Jeunesse !

(L’avant-scène s’est désassombrie ; il semble que les DIEUX, à travers la clarté, recouvrent leur fraîcheur première : le voile de brouillard, néanmoins, demeure suspendu sur l’arrière-plan, de telle sorte que le Burg, ou loin, demeure invisible.)
(Arrivent FASOLT et FAFNER ; FREYA, qu’ils ramènent, est entre eux.)
FRICKA court joyeusement vers elle, pour l’embrasser.

Sœur bien-aimée ! Douce sœur, douce Joie ! m’es-tu reconquise ?

FASOLT, la repoussant.

Halte-là ! C’est à nous encore qu’elle appartient : n’y touchez point ! Dans le haut[1] Riesenheim, nous nous sommes reposés : nous nous sommes conduits loyalement, dignement envers notre otage ; si fort que je le regrette, je la ramène ici : comptez aux deux frères sa rançon.

WOTAN

La rançon est prête : l’Or est là : qu’on vous en fasse honnête mesure.

  1. Les Géants sont, par les Eddas, surnommés fréquemment « les baleines des montagnes » (Poème de Hymer, 35) ; « les habitants de la montagne » (Id., 17), etc.