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n’est franc ni loyal[1], puisque le ciel même, traître et lâche, ose rire de notre désespoir !

(Quand tous les DIEUX, marchant au Burg, sont sur le pont, le rideau tombe.)[2]
  1. Qu’une remarque s’inscrive, cette fois pour toutes, ici : nombre de locutions allemandes, de phrases entières, ont dans l’original une élasticité, une suggestivité dues au vague de l’idiome, et dont nulle traduction ne peut rendre l’on-ne-sait quoi. — Le sens tout à fait littéral de ces paroles des Filles-du-Rhin (que j’adapte pour la lecture) est beaucoup plus riche, comme le prouve ce passage des émouvants Souvenirs de M. Hans Von Wolzogen : « Le soir qui précéda sa mort » (c’est de Richard Wagner qu’il s’agit), « … encore une fois, pour la dernière, il se mit au piano et entonna les dernières paroles de ce chant mélancolique des Filles-du-Rhin : « Dans l’abîme seulement existe l’intimité et la loyauté. » — « Oui, l’intimité et la loyauté, seulement dans l’abîme, » répéta-t-il doucement pour lui-même. » (Mercure de France, série moderne, tome X, p. 310, — Avril 1894 : excellente traduction de M. David Roget.)
  2. Les dernières harmonies du Rheingold se répartissent en groupes symphoniques si nets, si bien indiqués par la marche même du Drame, qu’il devient inutile de les noter au fur et à mesure, séparément. Citons, tout ensemble, sans crainte de voir le lecteur ne pouvoir leur assigner leur place respective : le Chant des filles du Rhin, la mélodie de Loge, enfin la Marche triomphale, issue du motif de l’Arc-en-ciel, aux sons de laquelle les Dieux ascendent vers le Walhall.