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non soumise à cette forme qu’elle emprunta (pour remonter à la cause première) aux mouvements du corps ou aux vers parlés. Nous avons reconnu dans la forme danse, ou marche, l’indéniable prototype de toute musique instrumentale. Même dans les compositions les plus diverses, les plus complexes, nous avons vu, motivées par cette forme, des règles de construction tellement strictes, que toute dérogation — par exemple la non-répétition d’une période initiale — fait conclure au manque absolu de forme ; si bien que l’audacieux Beethoven lui-même n’a pu se soustraire à ces règles, malgré les inconvénients qui en résultèrent pour lui.

Sur un point donc nous sommes d’accord : nous reconnaissons que la divine musique ne pouvait se manifester à l’humanité qu’avec l’aide d’un élément qui la fixât et, nous venons de le voir, la conditionnât. Or, je vous le demande maintenant, la marche, la danse, avec ces gestes, ces images si momentanées qui la constituent, sont-ce là de plus valables éléments de la forme musicale que, par exemple, la représentation, en leurs grandes lignes caractéristiques, des actes, des sentiments d’un Orphée, d’un Prométhée, etc. ? Je vous le demande encore : puisque