Page:Wailly – La Folle ou Le Testament d’une Anglaise, 1827.djvu/15

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pourrais bien dire de chez moi ; car enfin le château de Derby, que je comptais lui offrir en présent de noces, dégagé de toute créance et libre de toute hypothèque, je n’ai qu’à retirer ma caution, les huissiers vont le vendre par autorité de justice, et, moyennant un léger sacrifice, j’en deviendrai le légitime propriétaire.

CALEB.

Du château de Derby… vous, monsieur !… l’acquéreur tant que vous voudrez, mais le propriétaire… jamais.

SMITH.

L’acquéreur soit… et c’est ma manufacture qui me l’aura donné… Et miss Anna, qui me disait encore hier : « Williams, je ne connais pas de plus honnête homme que vous, et la preuve, c’est que je vous épouse, malgré la supériorité de votre fortune ; enfin, si je me voyais réduite par un revers inattendu, à ne savoir où reposer la tête, je croirais outrager votre amitié, si je n’allais, moi, ma sœur et mon vieux Caleb, frapper à la porte de la manufacture… » Eh bien, morbleu ! elle y viendra… ou nous verrons.

CALEB.

Que dites-vous, monsieur !

SMITH.

Je dis, mon cher Caleb, que je n’entends pas placer à fonds perdus… Je pars pour Édimbourg ; je reviens dans deux heures ; je ramène un ministre, ou je laisse agir les hommes de loi. Tu comprends… un mariage ou une expropriation forcée… je ne connais que ça… Dans deux heures, toi, ta pauvre Cécile, et ta capricieuse maîtresse, je vous épouse, ou je vous mets sur le pavé : quand j’aime