Eh bien ! je vais t’avouer tous mes torts : quand je m’embarquai pour l’Amérique, notre séparation brisa mon cœur ; cependant, je dois le dire, c’était l’amie de mon enfance, la compagne de mes jeux que je regrettais en te quittant ; je croyais n’être aimé de toi que comme un frère ; je croyais ne t’aimer que comme ma sœur ; mais du moment que je t’ai revue, le trouble où m’a jeté ta présence, m’a éclairé sur mes sentimens ; je me suis senti renaître à une existence nouvelle ; un charme indéfinissable m’entraîne irrésistiblement vers toi ; cette amitié si pure et si noble que tu m’as fait connaître, et qui n’était qu’assoupie dans mon cœur, s’est réveillée tout à coup pour devenir l’amour le plus tendre, le plus passionné… Ah ! Cécile ! puis-je par le sacrifice de toute ma vie, réparer le mal que t’a causé mon ingratitude involontaire.
Arthur, je ne comprends pas toutes tes paroles, et pourtant elles me ravissent. Écoute : pour te prouver que je ne t’ai pas oublié, moi, je vais te chercher un anneau, celui que tu m’as remis sur le bord de la mer, tu sais ; je l’ai conservé précieusement, et personne ne l’a vu. Attends-moi ici et je reviens tout de suite. Arthur, je t’aime, oh ! n’oublie plus que je suis ta fiancée…