qui était à l’origine un marchand de soie, mais à cause de la concurrence japonaise, il avait été contraint de changer de métier, il était à présent marchand de curiosités. Ses nombreux voyages l’avaient amené à bien connaître le docteur, mais en cette occasion, Carbuccia avait un aspect qui alarma son ami ; le « gaillard grand et solide » avait été métamorphosé tout à coup en un vieillard émacié et faible. Il y avait un mystère quelque part, et le médecin du bord devait forcément le diagnostiquer. Après avoir joué pendant un certain temps le rôle de l’homme qui a quelque chose à dire sans avoir le courage de le révéler — un cliché courant dans les romans — l’Italien se livra finalement, donnant d’abord le spectacle d’un flot de larmes, avant de révéler son terrible secret : il était damné. Le Carbuccia que le docteur avait connu était un homme débridé, joyeux, obscène, un athée ami des plaisirs, un commerçant itinérant assez typique, avec une touche d’alsacien et de brigand des montagnes. Comment se faisait-il que ce libre-penseur, si éloigné de la religion, se dise damné ? Une idée saugrenue avait poussé le paillard Gaëtano
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