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« Bravo ! ses six mille ans l’ont enfin achevé !
L’œil du cyclope a donc enfin trouvé dans l’ombre
La poutre qui l’aura crevé ! »

VI

Et que le sang en pleuve, et sur nos fronts ruisselle,
A la place où tombaient tes insolents rayons !
Et que la plaie aussi nous paraisse éternelle
Et mette six mille ans à saigner sur nos fronts !
Nous n’aurons plus alors que la nuit et ses voiles,
Plus de jour lumineux dans un ciel de saphir !
Mais n’est-ce pas assez que le feu des étoiles
Pour voir ce qu’on aime mourir !…

VII

Pour voir la bouche en feu par nos lèvres usée
Nous dire froidement : « C’est fini ! Laisse-moi ! »
Et s’éteindre l’amour qui, dans notre pensée,
Allumait un soleil plus éclatant que toi !
Pour voir errer parmi les spectres de la terre
Le spectre aimé qui semble et vivant et joyeux,
La nuit, la sombre nuit est encore trop claire…
Et je l’arracherais des cieux !

(Poussières.)