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XV
PRÉFACE

qu’ils y ont fournis sont versifiés apporte une égale satisfaction à l’oreille du lecteur, il tiendra pour non avenue l’analyse sommaire que je lui soumets de la construction musicale du vers français ; mais si quelques-uns la choquent ou ne lui font rien sentir qui les différencie de la prose, peut-être en reconnaîtra-t-il la raison dans cette analyse. Je l’espère ; c’en serait un contrôle qui me rassurerait, et mon travail n’aurait pas été inutile. Aussi bien je ne me dissimule pas qu’elle est fort incomplète : c’est une simple indication.

Je n’ai rien dit des sujets traités. Les réflexions qu’ils suggèrent m’entraîneraient trop loin, et cette préface est déjà longue. Je me bornerai à remarquer le peu d’influence exercée sur l’inspiration des poètes par les prodigieuses conquêtes de la science. Dans tout esprit cultivé, l’aspect de l’Univers s’est transformé. Le ciel n’est plus un couvercle où brillent suspendues des lampes faites pour nous éclairer ; il est l’espace infini, sans fond ni sommet ; les colonnes d’Hercule, sous la rondeur de la terre, reculent indéfiniment. La vie a étendu son domaine : les limites entre le règne végétal et le règne animal s’effacent. La matière perd de plus en plus ses caractères de brute inerte essentiellement étendue : la physique et la chimie tendent à la subtiliser pour n’en faire qu’un système de points, de centres d’activité sans dimensions. Une force, où l’homme a reconnu la foudre, est devenue sa servante et s’est révélée partout présente. L’eau, qui le traînait lentement entre deux rives, l’em-