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prit part à la répression de la Commune et fut blessé au bras en enlevant une barricade.

« Après la guerre, il demeura dans l’armée, où il allait passer lieutenant, lorsqu’il se brisa la jambe en tombant de cheval. Il quitta alors le service.

« A ce moment, il avait déjà publié ses Chants du soldat (1872), et ses Nouveaux Chants du soldat (1875), qui avaient obtenu une vogue considérable. Il produisit coup sur coup : L’Hetman, drame en cinq actes et en vers, représenté avec succès en 1877 à l’Odéon ; La Moabite (1880), autre drame en cinq actes, qui, reçu au Théâtre-Français, fut interdit par la censure ; les Marches et Sonneries (1881), et une cantate, Vive la France ! dont Gounod écrivit la musique.

« Il avait conservé pour les choses de l’armée un amour passionné, et il dépensait en fondations patriotiques une activité dévorante. Après avoir fait partie, en janvier 1882, d’une commission d’éducation militaire au ministère de l’instruction publique, il créa, le 18 mai 1882, la Ligue des patriotes, qui devait attirer sur son nom une si retentissante notoriété. »

Dès lors, M. Paul Déroulède mena une existence extrêmement agitée. Son ardent patriotisme l’engagea dans des luttes politiques dont le souvenir est encore présent à toutes les mémoires. L’ardeur qu’il mit à défendre ses convictions lui valut bien des inimitiés et plus d’une condamnation, mais aussi l’estime de ses adversaires mêmes, qui furent toujours unanimes à rendre hommage à sa haute sincérité et à sa parfaite loyauté.

Exilé en janvier 1900 par un arrêt de la Haute Cour, amnistié en octobre 1905, M. Déroulède, après avoir vécu près de six ans à l’étranger, — d’abord à Saint-Sébastien, puis à Vienne, — est rentré en France le 5 novembre 1905.

« La poésie de Paul Déroulède, écrit dans ses Nouveaux Samedis M. Armand de Pontmartin, est prise dans les entrailles mêmes des sujets qu’elle traite ; elle en a les ardeurs, les fiertés, les tristesses viriles, l’humeur guerrière, le patriotisme invincible. Elle reste militante quand le pays ne se bat plus ; elle est l’intrépide sentinelle des lendemains de la défaite. C’est une poésie toute d’action, conçue dans la douleur, née dans l’orage, familiarisée dès le berceau avec l’odeur de la poudre, le sifflement des obus et le bruit du canon, ayant eu pour langes le lambeau d’un drapeau troué de balles ou le linceul d’un mobile mort en criant : « Vive la France ! »

Le talent est grand, mais l’inspiration est plus haute encore. Le poète se soucie moins de ciseler ses vers que de les tremper. Leur éclat est celui des armes, leur cadence semble réglée sur celle d’une marche guerrière. Il n’entre que du fer dans les cordes de cette lyre martiale ; c’est de l’héroïsme chanté. » (Paul de Saint-Victor.)