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LES CYGNES


Nostalgiques, tentés par de soudains mirages,
Les cygnes ont, par bonds, atteint le perron blanc
Dont la blancheur s’avive à l’aube des plumages,
Et leur col est tendu vers le ciel aveuglant.

Dans les lointains d’azur, ils voient des eaux nouvelles
Offertes, par les airs libres, à leur essor,
Et rêvent de mirer leurs émigrantes ailes
Aux étangs bleus fleuris le soir de glaïeuls d’or.

Cygnes, ils sont vêtus pour les lacs de lumière,
Mais leur élan se brise en spasmes onduleux ;
Ils glissent, impuissants, sur les marches de pierre,
Et le soleil fait luire au loin les étangs bleus.


(Le Banc de pierre.)


L’AVENUE


Les calmes, les tièdes soirées,
Quand tant de cœurs se sont aimés,
Ont gardé des douceurs sacrées
Sous les érables refermés.

Dans les feuillages de leurs voûtes,
Après les aveux dispersés,
On croit sentir se rouvrir toutes
Les lèvres des amants passés.

Elles chuchotent des mystères
Qui saisissent étrangement
Les oreilles des solitaires
Dont le rêve ancien est dormant.

Lents, ils s’éloignent des érables,
Aux rameaux encore embrasés,
Comme des aïeux vénérables
Qu’intimide un bruit de baisers.


(Le Banc de pierre.)