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Il bataille dans les feuilles d’avant-garde pour la liberté de la presse, collabore à l’Egalité, où il publie chaque jour une pièce de vers, fonde lui-même La Jeune République avec le titre de rédacteur en chef. Dans cette feuille, où il écrit un article quotidien, Clovis Hugues inaugure sa Muse des dimanches, satire hebdomadaire qui achève de consacrer sa réputation dans les milieux littéraires de Paris. C’est à ce moment que Victor Hugo lui voue une affection toute paternelle, qui ne se démentira jamais.

Ayant tué en duel un adversaire politique, Clovis Hugues se réfugie en Italie, revient se constituer prisonnier à la date indiquée par la loi, comparaît en cour d’assises et sort de l’audience acquitté à l’unanimité. François-Vincent Raspail, député d’une circonscription de Marseille, venait de mourir. Le comité central offre la candidature à Clovis Hugues. Il accepte, lutte sans calculer, fait une telle dépense d’énergie qu’il tombe malade. Son concurrent le distance d’une centaine de voix. Quelques mois après, les paysans du canton de Roquevaire l’envoient siéger au conseil d’arrondissement, qui lui décerne la vice-présidence.

Cependant Clovis Hugues vient à Paris, reprend à côté de Gill, dans la Lune rousse, la publication de ses satires politiques, collabore à de nombreux journaux, parle une première fois dans une réunion de la Villette, se trouve immédiatement consacré orateur populaire, est appelé de cette tribune à toutes les tribunes où l’on a besoin d’un batailleur qui entraîne les foules, partage fiévreusement sa vie entre la politique et la littérature, mène tout de front et n’a pas une minute de repos.

En 1881, encore grandi par la renommée qu’il s’est si rapidement faite à Paris, il retourne à Marseille, où il est nommé député de la deuxième circonscription, avec un mandat nettement socialiste. Il serait trop loug de citer tous les discours qu’il prononça à la Chambre en faveur des humbles et des déshérités. Rappelons qu’au moment du choléra il était à Marseille au milieu de ses électeurs et qu’il y resta, s’improvisant médecin, visitant les malades, les soignant, les ensevelissant même quelquefois, tant que le fléau décima les pauvres gens qui l’avaient élu. L’année d’après, quand l’épidémie recommença, il recommença aussi.

Continuellement sur la brèche pour la défense de ses idées, Clovis Hugues était seul alors de son parti dans une Chambre qui l’interrompait souvent avec véhémence. Réélu en 1885, il se trouve entouré de Basly, Camélinat, Antide Boyer, et quelques députés radicaux venus au socialisme, et continue de défendre la démocratie ouvrière.

Chez Clovis Hugues, il est impossible de séparer le poète de l’homme politique, du tribun : toute son œuvre est là pour