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Une lampe de cuivre est pendue au plafond
Et patine de feu le mur et la fenêtre.

Et dans la plaine immense et le vide dormeur,
Elles fixent, — les très souffreteuses bicoques, —
Avec les pauvres yeux de leurs carreaux en loques,
Le vieux moulin qui tourne, et las, qui tourne et meurt.

(Les Soirs.)




SAINT GEORGES

 
Ouverte en large éclair, parmi les brumes,
Une avenue ;
Et saint Georges, fermentant d’ors,
Avec des plumes et des écumes,
Au poitrail blanc de son cheval sans mors,
Descend.

L’équipage diamantaire
Fait de sa chute un triomphal chemin
De la pitié du ciel vers notre terre.

Héros des joyeuses vertus auxiliaires,
Sonore d’audace et cristallin,
Mon cœur nocturne, oh ! qu’il l’éclaire,
Au tournoiement de son épée auréolaire !
Que j’entende le babil d’argent
Du vent, autour de sa cotte de mailles,
Ses éperons, dans les batailles ;
Le saint Georges, celui qui luit
Et vient, parmi les cris de mon désir,
Saisir
Mes pauvres bras tendus vers sa vaillance !

Comme un haut cri de foi
Il tient en l’air sa lance,
Le saint Georges ;
Il a passé, par mon regard,
Comme une victoire d’or hagard,
Avec, au front, l’éclat du chrême,
Le saint Georges du devoir
Beau de son cœur et par lui-même.