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Les horizons ? ils sont là-bas :
Travail, science, ardeurs, combats ;
Les horizons ? ils sont passants
Avec, en leurs miroirs de soirs,
L’image en deuil des temps présents.

Voici — c’est un amas de feux qui se démènent
Où des sages, ligués en un effort géant,
Précipitent les Dieux pour changer le néant
Vers où tendra l’élan de la science humaine.

Voici — c’est une chambre où la pensée avère
Qu’on la mesure et qu’on la pèse, exactement,
Que seul l’inane éther bombe le firmament
Et que la mort s’éduque en des cornets de verre.

Voici — c’est une usine ; et la matière intense
Et rouge y roule et vibre, en des caveaux,
Où se forgent d’ahan les miracles nouveaux
Qui absorbent la nuit, le temps et la distance.

Voici — c’est un palais de lasse architecture
Ployé sous les cent ans dont il soutient le poids,
Et d’où sortent, avec terreur, de larges voix
Invoquant le tonnerre en vol vers l’aventure.

Sur la route muette et régulière,
Les yeux fixés vers la lumière
Qui frôle, en se couchant, les clos et les maisons,
Le blanc cordier visionnaire,
Du fond du soir tourbillonnaire,
Attire à lui les horizons.

Les horizons ? ils sont là-bas :
Lueurs, éveils, espoirs, combats,
Les horizons qu’il voit se définir,
En espérances d’avenir,
Par au delà des plages,
Que dessinent les soirs, dans les nuages.

Là-haut — parmi les loins sereins et harmoniques,
Un double escalier d’or suspend ses degrés bleus ;
Le rêve et le savoir le gravissent tous deux.
Séparément partis vers un palier unique.

Là-haut — l’éclair s’éteint des chocs et des contraires.