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A ce moment, M. Adolphe Boschot était tout à sa passion pour Mozart. Malgré la tyrannie régnante du wagnérisme le plus étroit, il fonde, avec M. Téodor de Wyzewa, la Société Mozart (1900). Il organise des auditions et donne des conférences, et ainsi, le génie de Mozart aidant, se trouve déterminé le mouvement mozartiste qui, grandissant chaque année«en France, marque la tin de la crise wagnérienne.

En 1901, dans une lettre ouverte à M. Gaston Boissier, secrétaire perpétuel de l’Académie française (La Reforme de la Prosodie, Revue de Paris du 15 août), M. Boschot appelle l’attention de l’Académie sur l’opportunité d’une réforme de la prosodie. Voici, résumés par l’auteur, les principes de cette requête : « Le rythme constitue le vers. Sans une certaine régularité, le rythme cesse d’être musical et expressif ; il peut même cesser d’être perçu. En général, toute grande et large poésie pourra se contenter des rythmes trouvés depuis Ronsard jusqu’à Victor Hugo. La nouveauté consistera, semble-t-il, à faire paraître tout nouveaux les anciens rythmes, parce qu’on saura les adapter à l’expression de plus en plus musicale des émotions, des sentiments et des pensées. Si les poètes, individuellement et à leurs risques et périls, sont toujours libres de s’essayer à innover dans le rythme, néanmoins le rythme même ne peut être l’objet d’une réforme générale : c’est lui l’élément traditionnel qu’il faut respecter avant tout. — Puisque en prosodie il s’agit do sons, les règles graphiques sont abolies et remplacées par des régies phoniques : 1° la ciisURE pour les yeux, au milieu de l’alexandrin, n’est plus exigée quand le rythme, au lieu d’être binaire (6 + 0), est ternaire (4 + 4 +4, et les formules dérivées) ; 2° la Rime doit être exacte pour l’oreille, selon la prononciation ordinaire et moderne ; ne plus rimer pour les yeux fera trouver un grand nombre de rimes nouvelles et excellentes, et qui bientôt ne causeront plus aucune surprise. La distinction entre les rimes masculines et féminines doit être respectée , La disposition do ces diverses rimes ne peut pas être laissée au hasard : elle sera le plus souvent régulière, ou tout au moins d’un dessin apparent, car il y a toujours de l’ordre dans ce qui est musical ; 3° les Hiatus, quand ils sont agréables à l’oreille, ou simplement indifférents, ne sont plus proscrits. Les poètes feront bien d’apprendre à tirer parti de certains hiatus qui, placés aux arrêts des vers, perdent toute dureté et servent à mieux marquer le rythme : nous le sentons aujourd’hui dans les vers de Malherbe et do Iîoileau mêmes. »

La lettre sur la Réforme de la Prosodie provoqua un mouvement général dans la presse : tous les journaux, toutes les revues discutèrent les idées et les conclusions do l’auteur, et beaucoup semblèrent penser que l’accord eutre les poètes pourrait s’établir sur le terrain délimité par M. Boschot. Les organisateurs