Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/265

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Je sais que la candeur de ses yeux ne ment pas.
Qu’elle m’ouvre son cœur quand elle ouvre ses bras.
Je sais, à voir ses pleurs, que sa peine est extrême,
Et malgré tout cela j’affecte de douter.
Je cherche avec une soigneuse cruauté
Ses erreurs, ses défauts, ce qui fait sa faiblesse.
Et m’en sers pour froisser, déchirer sa tendresse,

… Une ardeur ingrate et douloureuse,
L’amour de l’imparfait et des choses trompeuses,
M’oblige à rechercher dans le plus pur regard
Les mauvais sentiments, le mensonge avec art,
A donner aux baisers un goût de flétrissure,
A mêler à l’amour l’amertume et l’injure.

(Avilir.

Ou encore :

Le vulgaire m’attire aussi bien que le rare.
Je trouve à ma maîtresse une âme trop choisie ;
Elle s’occupe trop d’art et de poésie ;
Son rcgard est trop pur, ses cheveux sont trop fins….

J’ai besoin d’approcher un ôlre un peu commun
Dont le langage soit banal, et le parfum
A bon marché ! Il faut à mon âme incurable
Des femmes sans noblesse, un décor misérable.
J’ai besoin de laideur et de vulgarité…

(L’Amour du Vulgaire.)

Et ailleurs :

Vois-tu, c’est un désir que rien ne peut calmer,
Misérable, analogue au désir qu’ont les filles,
De clinquant, de beautés voyantes et qui brillent…
La richesse a pour moi des attraits tout-puissants ;
J’affecte de la mépriser, mais par mon sang
Je voudrais en payer l’avide jouissance.

(Les Goûts de luxe.)

Ailleurs encore :

Ah ! pesant est l’amour des cœurs trop vertueux !
Comme ils sont exigeants ! qu’il leur faut de tendresse !…

J’ai peur de celle-la qui n’a jamais menti.
Elle peut être indifférente, étant fidèle…
L’amour est trop souvent par lu verlu trahi,
Et la femme qui ment est toujours la plus belle.

(A celle qui veut être respectée.)

Qu’on lise, à côté de ces fragments, des pièces comme Envoi* et Les Meilleures Lettres3, qu’on lise d’un bout à l’autre Les

1. Voir page 265.

2. Voir page iOi.