Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/504

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LOGIQUE

Lorsque le Désir fond sur ma chair et la mord,
Je me pétris joyeux sous sa serre brutale,
Et rien de moi n’échappe à l’emprise totale,
Et mes os ont connu l’affre fou de la mort.

Quand le poids d’un regard plus puissant que le sort
Me ploie ainsi qu’un jonc è la douleur fatale,
J’exulte dans l’Orgueil et dans le Deuil m’étale,
Et je suis plein d’un maître impitoyable et fort.

Vois, dans le rouge éclair de ton extase offerte,
Je plonge aux absolus en chantant à ma perte.
Toi seul es pur, aîné des dieux, sacré Désir !

L’analyse n’a point profané ton essence,
Le monde t’a donné, dans sa longue démence,
Tant de blasphémateurs qu’il te doit un martyr !

[Du Desir aux Destinées.)

HÉLIX

Spires d’onyx au front des béliers, ô poème
De vos boucles, bacchants, sous les pampres roulés,
Volutes des buccins nouant les chœurs ailés
Des cortèges aux monts, fidélité du thème

Au rythme initial, selon que Vous voulez,
Nombres de la Beauté ; pure ligne qui s’aime
Et se fuit à regret caressée à soi-même,
Arome nonchalant de parfums exhalés…

Courbe divine, vœu langoureux de la forme,"
La Terre te dessine au Firmament énorme
Où fuit en tournoyant dans l’élastique éther

La cadence enivrée et folle de sa chute…
O spirale mystique, ô nacres de la mer,
Marbres ioniens, chevelures, volute…

[Du Désir aux Destinées.)