Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/590

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Oh ! les matins de songe au milieu des ajoncs !
Mes flânes sur les quais où les bois blonds embaument.
La joie triste d’aimer les sombres toits de chaume
Crénelés de glaïeuls, de mousse et de pigeons !…

Délirer à voir l’or des colzas et des blés,
Les œillettes d’opale et le trèfle écarlate,
La splendeur des forêts dont les pousses éclatent,
Les vergers où les humbles chantent, attablés !

Oh ! la sérénité des vesprées estivales :
La campagne qui flambe en mon pays de Caux,
La moisson frémissante sous l’éclair des fauli
Et les cris, sur les chars, effarant les cavales !…

Oh ! vivre ignoré, — seul avec les pauvres gens,
Boire le cidre roux des cruchettes d’argile,
D’une obole éclairer des paumes d’indigents,
Vivre sans hauts desseins, — mais vivre dans sa ville !…
L’univers est trop vaste et l’étape est fatale…

Nous rêvons…

Des oiseaux dans les rochers s’effarent…
Un prisme lumineux gicle soudain du phare…
Fécamp, ma ville, dort… L’ombre claire s’étale…
Pourtant quelques labeurs contre la nuit se cabrent :
Un cabestan lointain fait gémir son long câble,
Les roues d’un tombereau craquètent sur le sable,
Des lanternes étoilent l’ombre et la délabrent…
Des brouillards bleus fumant dans la paix de l’espace
Dévorent un navire ailé de voiles perle…
Sur la plage de cendre où les vagues déferlent
Grondent les galets ronds que l’eau roule et concasse,

Et qui scintilleront demain, à marée basse…

HOLLANDE

FRAGMENT LIMINAIRE

Dans la brume d’argent de pâles roses pleuvent.
Brussel-aux-fins-clochers, vague dans un halo,