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ner à la poésie lyrique, d’abord pour s’y complaire dans l’évocation du passé et surtout du Moyen Âge, plus tard pour lui confier l’expression des doutes, des angoisses et des douleurs dont sa vie fut traversée. Le beau livre, si varié et si attachant, qu’il a publié en 1892 sous le titre de La Vie chimérique et qui contient des vers de vingt années, à ces divers points de vue, toute sa vie.

Paul Delair a débuté brillamment au théâtre par l’éloge d’Alexandre Dumas, représenté à la Gaîté sa 1872 et appelé au Théâtre-Français. Il a aussi célébré Corneille (Le Fils de Corneille) et Victor Hugo, l’objet depuis son enfance d’une vénération quasi filiale (L’Apothéose de Victor Hugo, juin 1885). Il a écrit de nombreux drames d’histoire, dont un seul, Garin (1880), a été représenté jusqu’à ce jour. Il a collaboré avec Alphonse Daudet aux Rois en Exil, pièce tirée du célèbre roman de ce nom (décembre 1883). Son roman, Louchon (1884) et son drame Hélène (Vaudeville, septembre1891) évoquent le cadre angestral d’un village de l’Île-de-France où ses oncles étaient demeurés attachés aux travaux des champs, et qui s’était partagé son enfance avec celui de Montereau. Il dut son succès le plus incontesté au théâtre à une très heureuse adaptation de la Mégère apprivoisée de Shakespeare, interprétée avec un éclat merveilleux par les acteurs du Théâtre-Français avec Coquelin et Marie-Louise Marsy comme protagonistes (novembre 1891).

L’amitié des plus dévouées et des plus actives que Coquelin avait vouée à Delair des 1876, s’était révélée d’abord à l’occasion des Contes d’à présent, que le célèbre comédien interpréta, au fur et à mesure qu’ils étaient écrits, de 1878 à 1880. De ces récits, empruntés principalement à la vie, très idéalisée, des simples gens que le poète avait appris à aimer, quelques-uns, tels que la Vision de Claude et la Messe de l’Âne, furent alors et sont demeurés populaires.

Par l’élévation du sentiment et la fermeté du style, ces récits constituent, dans leur ensemble, un des titres littéraires les plus sérieux de Paul Delair. La récitation s’en répand aujourd’hui dans les écoles.

Delair s’était plongé de nouveau dans les épiques français lorsque la maladie l’emporta, au moment où, plus que jamais désireux d’écrire, il entrevoyait, dans la transcription et l’interprétation des œuvres du xiie siècle, un champ illimité à son activité poétique. Le fruit de ses travaux interrompus dans ce genre, une suite de récits tirés de la Geste de Guillaume (Les Chansons épiques), a été publié : après sa mort, par les soins de son fils, M. Jacques Delair, ainsi qu’une première série de Théâtre inédit et un volume de poésies lyriques (Testament poétique).