Page:Walch - Poètes d’hier et d’aujourd’hui, 1916.djvu/199

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ami’dée rouquès 185 Lasse de cet an qui finit, Peureuse d’une aube nouvelle. Voici l’aube pourtant! La nuit S’envole avec tous nos ver! i Lèvent clair fait vibrer les tiges, Et les spectres se sont enfuis! Le soleil rajeuni rayonne Aux vitres des fanaux éteints, Et les clochers dans le matin A tous les horizons bourdonnent, Cloches d’espérance et d’orgueil, Ah! que sonnent-elles, ces cloches? Est-ce donc le jour enfin proche, Le jour de victoire et d’accueil ? Est-ce la haine qu’on exile? Est-ce la foi des cœurs nouveaux? Que faut-il entendre aux échos Des cloches blanches sur la ville? Ecoute-les battre dans l’air Comme des ailes sur les nues... Ne les as-tu pas reconnues, Les mêmes, qui sonnaient hier! Qui sonnèrent dans chaque aurore L’hosanna menteur, sombre glas, Où, pauvre fou naïf et las, Tu peux mêler ta voix encore ! Croyais-tu surtout qu’une nuit Au crible du hasard vannée Allait changer ta destinée Et soudain finir ton ennui? Qu’un peu d’eau écoulée au fleuve, Une heure qui s’égrène au vent, Suffiraient pour qu’au jour levant S’épanouît ton âme — neuve ? Ah! ton âme, reconnais-la! Comme ces cloches mensongères, Comme ce ciel si bleu naguère, Déjà livide et sans éclat,