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LA LEÇON MATERNELLE.


LA LEÇON MATERNELLE.



Si les enfants songeaient à tous les tourments, à toutes les privations qu’éprouvent leurs parents pour diriger leur première éducation, ils se livreraient à l’étude avec plus de zèle, et par cela même s’épargneraient bien des dégoûts, bien des ennuis. Le jardinier qui soigne un jeune arbrisseau destiné à devenir un arbre utile n’est contrarié dans ses soins que par quelques coups de vent qui nuisent momentanément à son ouvrage ; mais une tendre mère qui ose entreprendre d’instruire à la fois ses deux jeunes fils d’un caractère impétueux et d’une espièglerie indomptable, ne saurait employer trop d’adresse, de dévouement et de patience pour atteindre le but qu’elle s’est proposé.

J’éprouve donc un grand plaisir à décrire ici le moyen tout à la fois ingénieux et touchant qu’employa une jeune dame de mes parentes, pour dompter la pétulance et l’insubordination de ses deux enfants, dont l’aîné comptait déjà neuf ans, et le cadet huit environ. L’un et l’autre avaient la figure la plus expressive, une force physique remarquable, mais ils étaient d’une vivacité, d’un entêtement et d’une insouciance que n’avaient pu comprimer ni la tendresse qu’ils portaient à leur mère, ni la crainte même qu’essayait vainement de leur inspirer leur père, colonel de cavalerie. Frédéric, beau petit gaillard à la chevelure noire, savait à peine épeler ; et son frère, Arthur, faisait des contorsions