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les petits

larme s’échappa de ses yeux, il prit le petit Pierre dans ses bras et l’embrassa ; l’enfant, quelque craintif qu’il fût, lui sortit, il se sentait heureux et fier ; et lorsque le monsieur l’eut remis à terre, il promena autour de lui un regard plein de joie et de triomphe.

L’étranger n’avait qu’un très-petit bras d’eau à traverser pour arriver à la ville voisine. La famille du pêcheur l’accompagna jusqu’à son batelet, et lorsqu’il fendit les flots, devenus calmes et unis comme l’onde du ruisseau le plus limpide, ils le suivirent des yeux jusqu’à l’autre rive, le cœur plein de ce profond intérêt qui s’attache toujours à l’être que l’on vient de sauver.

— Pierre ! cria l’étranger en descendant à terre, et repoussant son petit canot vers le bateau du pêcheur, garde-le, tu me feras plaisir ; il est à toi.

Pierre sauta de joie ; le courant entraînait de son côté le petit batelet ; il acheva de l’attirer à lui, puis il alla se coucher.

J’ai aidé à sauver un homme, pensait-il en s’endormant ; j’ai fait une bonne action ; je ne suis plus un être inutile, ne sachant que jouer ou que pleurer, et j’ai un bateau !



iii. — Un bienfait n’est jamais perdu.


Le lendemain de ce jour, le premier qui marqua sa vie, Pierre se jeta dans son batelet et se mit à l’examiner de tous les côtés… mais que l’on juge de sa surprise lorsqu’en soulevant une natte de paille, il aperçut un petit baril de poudre, une belle carnassière, un sac de plomb et un charmant