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auguste.

iii. — Le vieux Jérôme.


Lorsque les trois enfants de M. Dorigny se furent groupés bien près de lui, ce bon père acheva ainsi l’Histoire du Portrait qui marche.

« Il y avait, chez le papa d’Henri et d’Ernest, un vieux domestique fort attaché à la famille. Il avait vu naître les deux enfants ; et quoiqu’il fût doux et bon pour eux, il ne les gâtait pas et savait fort bien les réprimander quand ils faisaient mal. Henri l’écoutait toujours ; mais Ernest, ne pouvant vaincre sa turbulence et son espièglerie, qui l’emportaient souvent sur son bon cœur, envoyait promener Jérôme, se moquait de lui, et inventait une foule de malices pour se venger de ce qu’il appelait sa surveillance.

» Jérôme aimait Ernest, mais bien moins qu’il n’aimait Henri ; et comme il avait été souvent témoin des grimaces qu’Ernest faisait au portrait de son oncle, il l’avait vivement réprimandé, lui faisant observer avec raison que le plus grand respect devait s’attacher à la vieillesse ; et que les vivants, au lieu de se moquer des morts, devaient avoir un culte pour eux.

» À toutes ces choses, qu’Henri, quoique plus jeune de deux ans, comprenait parfaitement, Ernest répondait par de nouvelles grimaces et de fort mauvaises plaisanteries.

» Le vieux domestique, indigné de ce qu’il appelait à tort le mauvais cœur de cet enfant, résolut de le punir de manière à lui faire sentir ses fautes, et à l’empêcher de