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Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/243

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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

œufs dans le trou d’un arbre, au sommet de troncs pourris, ou dans une fourmilière abandonnée, dont la substance est facile à creuser.

Beaucoup de Sterna et de Tringa déposent leurs œufs sur le sable au bord de la mer ; le duc d’Argyll sans doute a raison lorsqu’il attribue cette habitude, non à leur incapacité de former un nid, mais au fait que, dans de pareilles situations, un nid serait apparent et ferait découvrir les œufs. Cependant le choix de la place est évidemment déterminé par les habitudes de ces oiseaux, qui, dans la recherche quotidienne de leur nourriture, parcourent continuellement de grands bancs de sable, à la marée basse. Les mouettes varient beaucoup dans leur manière de nicher, mais celle-ci est toujours en harmonie avec leur conformation et leurs habitudes ; le nid est placé tantôt sur un roc nu, ou sur le bord d’une falaise, tantôt dans un marais ou parmi les algues du rivage ; il est fait d’algues, de touffes d’herbes ou de roseaux, ou encore de débris trouvés sur le rivage, amoncelés les uns par-dessus les autres, avec aussi peu d’ordre et d’art que le comportent les pattes palmées et le bec grossier de ces oiseaux ; le bec surtout est plus propre à prendre le poisson qu’à bâtir un nid délicat.

Le flamant aux longues jambes et au large bec, qui arpente continuellement les bas-fonds humides, se fait avec de la boue un siège conique, au sommet duquel il dépose ses œufs. Il peut de la sorte les couver à son aise, et ils restent à sec, hors de la portée des marées.