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DE LA LOI QUI A RÉGI L’INTRODUCTION

ait été isolé pendant une période assez longue pour que plusieurs séries d’espèces aient été créées sur le type d’autres espèces préexistantes ; celles-ci s’étant éteintes aussi bien que beaucoup de formes plus anciennes, les groupes paraissent isolés. Si, dans un cas, le type primitif avait un habitat étendu, il peut avoir produit deux ou plusieurs groupes d’espèces différant de lui chacun à sa manière ; de là des groupes représentatifs ou analogues. On peut expliquer de cette façon, par exemple, les Sylviadæ d’Europe et les Sylvicolidæ de l’Amérique du Nord, les Heliconidæ de l’Amérique du Sud et les Euplœæ de l’Orient, le groupe de Trogons qui habite l’Asie et celui de l’Amérique méridionale.

Il est une classe de phénomènes qui n’ont point encore été expliqués, même d’une façon purement conjecturale : ce sont ceux qu’on observe par exemple dans l’archipel des Galapagos. Ces îles sont peuplées de petits groupes de plantes et d’animaux qui leur sont propres, mais sont alliés de très-près aux espèces de l’Amérique méridionale. D’origine volcanique, elles remontent à une haute antiquité et n’ont probablement jamais été rattachées au continent de plus près qu’elles ne le sont aujourd’hui. Elles doivent avoir été peuplées, ainsi que d’autres îles récentes, par l’action des vents et des courants, et à une époque assez éloignée pour que les espèces originaires se soient éteintes, laissant seulement les prototypes modifiés. Nous pouvons expliquer de la même manière le fait que chacune de ces îles possède une faune et une flore particulières. On peut supposer que la même émigration primitive les peupla