Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
DE LA LOI QUI A RÉGI L’INTRODUCTION

tatives très-voisines, propres à chacune des régions, et qui montrent qu’il s’est écoulé une période considérable depuis leur séparation. Les faits de la distribution géographique des organismes et ceux de la géologie peuvent donc s’expliquer les uns par les autres dans les cas douteux, pourvu que les principes que nous défendons soient clairement établis.

Dans les îles qui ont été séparées d’un continent ou soulevées par l’action des volcans ou des coraux, ainsi que dans les chaînes de montagnes dont l’élévation est récente, on n’observe pas de groupes particuliers, ni même d’espèces représentatives. La Grande-Bretagne en est un exemple ; sa séparation du continent étant géologiquement très-récente, elle n’a presque pas une seule espèce en propre ; et la chaîne des Alpes, dont le soulèvement est très-moderne, sépare des faunes et des flores dont les différences peuvent presque entièrement s’expliquer par celles du climat et de la latitude.

Nous avons fait allusion plus haut (page 5) au fait important et frappant du voisinage géographique d’espèces alliées appartenant à des groupes nombreux. M. Lovell Reeve en donne un exemple intéressant, dans son beau travail sur la distribution des Bulimi. On peut citer aussi les colibris et les toucans ; on en voit souvent, dans un même district ou dans des districts rapprochés, de petits groupes d’espèces alliées, ce que nous avons pu nous-même vérifier. Le même phénomène s’observe chez les poissons : chaque grande rivière a ses genres particuliers, ou ses groupes d’espèces voisines appartenant à des genres nombreux.