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DE LA LOI QUI A RÉGI L’INTRODUCTION

avec tous ces faits, et peut beaucoup aider à les expliquer. Car, bien que quelques auteurs puissent y voir essentiellement une théorie du progrès, elle n’implique en réalité que le changement graduel. Il n’est du reste point difficile de montrer qu’un progrès réel dans l’échelle des organismes est parfaitement compatible avec toutes les apparences, même celles qui semblent indiquer un recul.

Reprenons la comparaison avec un arbre, comme représentant le mieux l’arrangement naturel des espèces et leur création successive. Supposons qu’un groupe quelconque ait atteint, à une époque géologique ancienne, une grande richesse en espèces et une organisation perfectionnée. Supposons encore que cette grande branche d’espèces alliées soit partiellement ou complètement détruite par des révolutions géologiques. Plus tard un nouveau rameau naît du même tronc, c’est-à-dire de nouvelles espèces sont successivement créées, ayant pour prototypes les mêmes organismes élémentaires qui ont été les types du groupe précédent, mais qui, contrairement à celui-ci, ont survécu aux conditions nouvelles.

Ce nouveau groupe, sous l’influence de circonstances nouvelles, subit des modifications dans sa structure et son organisation, et devient le représentatif du groupe primitif dans un autre terrain géologique. Toutefois il peut arriver que la nouvelle série d’espèces, quoique plus récente, ne parvienne jamais à un degré d’organisation aussi complet que les espèces primitives, et qu’elle s’éteigne à son tour, faisant place à