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INDÉFINIMENT DU TYPE PRIMITIF.

facile à expliquer. La nourriture qui convient le mieux au pigeon se trouve répandue en grande abondance dans toute une vaste région, qui présente des différences de sol et de climat telles que l’oiseau ne saurait manquer du nécessaire : doué d’un vol rapide et prolongé, il peut parcourir sans fatigue toute l’étendue du district qu’il habite, et par conséquent découvrir un nouveau champ d’alimentation, lorsqu’une localité cesse de lui offrir ce qu’il lui faut. Cet exemple montre bien que l’accroissement rapide d’une espèce dépend presque uniquement de la facilité avec laquelle elle se procure une nourriture saine et abondante : si cette condition est remplie, il ne peut être entravé ni par une fécondité limitée, ni par les attaques des oiseaux de proie et de l’homme.

Ces circonstances spéciales ne se rencontrent d’une manière aussi frappante chez aucune autre espèce d’oiseaux ; soit que leur nourriture soit exposée à plus de chances, soit que leur vol soit trop faible pour qu’ils puissent la chercher dans une région étendue, soit qu’elle devienne très-rare à certaines saisons et les oblige à recourir à des aliments moins sains, le fait est que, malgré leur fécondité plus grande, ils ne peuvent jamais se multiplier plus que ne le permet la quantité de subsistances que leur offre la saison la moins favorable.

Beaucoup d’oiseaux ne peuvent exister, quand leur nourriture diminue, qu’en émigrant vers des contrées dont le climat est sinon plus doux, au moins différent : cependant, comme ces oiseaux de passage sont rarement très-nombreux, il est clair que les pays qu’ils visitent