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INDÉFINIMENT DU TYPE PRIMITIF.

encore moins pourraient-ils soutenir la concurrence des espèces sauvages. Le cheval de course, très-rapide, mais délicat, le cheval de labour, fort et pesant, seraient l’un et l’autre mal conformés pour l’état de nature. Lâchés dans les pampas, ils s’éteindraient probablement bientôt, ou, si les circonstances étaient favorables, ils perdraient ces qualités exagérées qui ne seraient jamais mises en activité ; de sorte qu’en quelques générations ils reviendraient à un type commun, qui doit être celui chez lequel les facultés sont équilibrées de la façon la mieux calculée pour sa conservation.

Les animaux domestiques, remis en liberté, doivent donc ou redevenir analogues au type primitif de l’espèce, ou s’éteindre complètement[1].

Nous voyons donc que l’observation des animaux domestiques ne peut fournir aucune donnée sur la permanence des variétés à l’état de nature. Les deux classes sont si opposées l’une à l’autre en toute circonstance, que ce qui est juste par rapport à l’une, est presque toujours faux par rapport à l’autre. Les animaux domestiques sont anormaux, irréguliers, artificiels ; ils sont sujets à des variations qui ne se présentent pas et ne peuvent jamais se présenter dans la nature, et plusieurs d’entre eux sont si loin de l’équilibre d’organisation et de facultés nécessaire à l’animal laissé à ses propres

  1. C’est-à-dire qu’ils varieront et que les variations tendant à les adapter à leur nouvel état et à les rapprocher par conséquent des animaux sauvages, se continueront. Les individus qui ne varieront que d’une manière insuffisante périront.