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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

poissons et de petits animaux qui vivent dans l’eau ou près de l’eau. Parmi les oiseaux, le lagopède est un bel exemple de couleurs protectrices. Son plumage d’été s’harmonise si bien avec les pierres couvertes de lichens parmi lesquelles il se tient de préférence, qu’on peut en traverser une compagnie sans s’en apercevoir. Son manteau blanc le protège aussi efficacement en hiver. Le bruant de neige, le faucon pèlerin, la chouette harfang sont aussi des habitants des zones polaires, et on ne peut douter que leur couleur ne serve plus ou moins à les protéger.

Nous trouvons aussi des exemples parmi les animaux nocturnes. Les souris, les rats, les chauves-souris, les taupes, n’ont que des couleurs sombres, qui les rendent invisibles dans des cas où des teintes claires se verraient. Les hiboux et les engoulevents, marbrés de couleurs foncées qui se confondent avec l’écorce et les lichens, sont facilement cachés de jour, et presque invisibles de nuit.

Ce n’est que sous les tropiques, dans des forêts qui ne perdent jamais leur feuillage, que nous trouvons des groupes d’oiseaux chez lesquels le vert prédomine : les perroquets en sont le plus frappant exemple ; mais il y a aussi en Orient un groupe de pigeons verts, et les barbus, les verdins (phyllornis), les guêpiers, les zostérops, les turacus et d’autres groupes plus petits ont assez de vert dans leur plumage pour disparaître facilement parmi les branches.