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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

trouve que sur un arbre à écorce rugueuse, le Tapiriba, sur les bords de l’Amazone. Cet insecte est très-abondant, mais les rugosités de sa cuirasse sont si semblables à celles de l’écorce, et il s’attache aux branches de si près, qu’on ne peut le voir que quand il se meut. Une espèce voisine (O. concentricus), ne se trouve qu’à Para, sur un arbre distinct dont il imite l’écorce avec la même exactitude. Ces deux insectes sont très-abondants, et nous pouvons admettre que ce singulier moyen de se dérober à la vue est l’une des causes qui favorisent leur propagation. Nous trouverons de nouveaux exemples parmi les Cicindèles : notre Cicindela campestris commune, qui habite les bords herbeux des cours d’eau, est d’un beau vert, tandis que la C. maritima habite les sables du bord de la mer, et présente une couleur d’un jaune pâle bronzé qui la rend presque invisible. J’ai constaté des faits analogues chez les espèces alliées découvertes par moi dans l’archipel malais. La Cicindela gloriosa, d’un vert foncé velouté, ne se trouvait que sur les pierres humides et moussues du lit d’un torrent, où je ne l’apercevais qu’avec peine. Une autre grande espèce brune (C. heros) habitait surtout les feuilles sèches dans les sentiers des forêts ; une autre, qui fréquentait la boue humide des marais salants, était d’un vert olive si pareil à celui du terrain que son ombre seule la trahissait quand le soleil brillait. Sur les plages dont le sable était blanc et de nature coralline, j’ai trouvé une cicindèle très-claire ; sur les sables noirs et volcaniques, j’en ai invariablement rencontré de foncées.

Il existe en Orient de petits coléoptères de la famille