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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

taille et ornés d’une large bande orange sur un fond bleu foncé. La surface inférieure est de nuances très-variables ; sur cinquante spécimens on n’en trouve pas deux exactement pareils, mais ils offrent tous les teintes diverses de gris, de brun, de roux, qu’on trouve dans les feuilles mortes, sèches ou en décomposition. Le sommet des ailes supérieures se termine en pointe aiguë, forme très-commune parmi les feuilles des arbres et des arbustes tropicaux, et les ailes inférieures se prolongent en une queue étroite et courte. Entre ces deux points, s’allonge une ligne courbe et foncée reproduisant parfaitement la nervure médiane d’une feuille, et d’où partent de chaque côté quelques lignes obliques, imitant les nervures latérales. Ces marques sont plus visibles à l’extérieur de la base des ailes et à l’intérieur vers le milieu et le sommet : il est très-curieux de voir la manière dont les stries marginales et transversales particulières à ce groupe se sont modifiées jusqu’à imiter la disposition des veines des feuilles. Ce n’est pas tout : nous trouvons la copie de feuilles à tous les degrés de décomposition : moisies, percées de trous, souvent irrégulièrement tachées de petits amas d’une poussière noire, si semblables aux divers champignons microscopiques qui poussent sur les feuilles mortes, qu’on croirait que les papillons eux-mêmes en sont attaqués. Cette ressemblance serait inutile, si les habitudes de l’insecte ne s’accordaient avec elle. S’il se posait sur les feuilles ou les fleurs, s’il tenait ses ailes étendues, ou remuait sa tête et ses antennes comme le font ses congénères, son déguisement lui servirait de