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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

monie frappante entre les couleurs des papillons nocturnes d’Angleterre qu’on voit voler en automne et en hiver, et celles qui dominent dans la nature pendant ces saisons. Il montre qu’en automne, où les teintes grises et brunes l’emportent, quarante-deux espèces sur cinquante-deux qui volent à cette époque, reproduisent ces mêmes couleurs. Les genres Xanthia, Glæa et Ennomos, ainsi que l’Orgyia antiqua et l’Orgyia gonostigma en sont des exemples. En hiver ce sont les teintes grises et argentées qui dominent : le genre Chematobia et plusieurs espèces d’Hybernia offrent les nuances correspondantes. Il est probable que si les mœurs des papillons nocturnes à l’état de nature étaient mieux étudiées, nous trouverions beaucoup de cas analogues. On en connaît déjà quelques-uns. L’Agriopis aprilina, l’Acronycta psi et bien d’autres qui se tiennent pendant le jour sur les troncs d’arbres du côté exposé au nord, ne sont distingués qu’avec peine des lichens grisâtres qui les entourent. Le Gastropacha querci ressemble de forme et de couleur à une feuille sèche brune ; le Pygæra bucephala, qui est bien connu, ressemble, au repos, au bout cassé d’une branche couverte de lichens. Quelques très-petites phalènes ressemblent à de la fiente d’oiseau. M. A. Sidgwick, dans un essai lu à la Société d’histoire naturelle de Rugby, fait l’observation suivante : « J’ai plus d’une fois pris la Cilix compressa, petit papillon de nuit blanc et gris, pour de la fiente d’oiseau tombée sur une feuille, et vice versa. La Bryophila glandifera et la Perla sont identiques de couleur avec les murs sur lesquels elles se posent, et cet été même en Suisse, je me suis amusé à regarder